Plantes à utiliser avec précaution

Certaines plantes exotiques ne sont pas encore officiellement reconnues comme très nuisibles, mais elles présentent un potentiel de dissémination préoccupant dans certains contextes. Leur comportement peut varier selon les conditions de sol, de climat ou de gestion, ce qui complique leur évaluation. Ces plantes peuvent s’échapper des jardins, coloniser les milieux naturels et concurrencer la flore indigène de manière subtile, mais progressive. Par prudence, il est recommandé de limiter leur usage, d’éviter leur plantation à proximité de milieux naturels et de surveiller leur comportement dans le temps. Cette section présente une sélection d’espèces à utiliser avec précaution, ainsi que des conseils pour en minimiser les risques. En adoptant une approche préventive et éclairée, les professionnels et les jardiniers avertis contribuent à réduire les pressions sur les écosystèmes, tout en maintenant des aménagements attrayants et responsables.

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Type de plantes

Épine-vinette du Japon
(Berberis thunbergii)

Plante arbustive originaire d’Asie, l’épine-vinette du Japon est prisée pour son feuillage coloré et sa tolérance aux conditions urbaines. Toutefois, plusieurs cultivars (principalement au feuillage vert) se naturalisent dans les milieux boisés. Elle forme des peuplements denses et impénétrables, réduisant la diversité végétale et freinant la régénération des arbres indigènes. De plus, elle est associée à une densité accrue de tiques à pattes noires, vectrices de la maladie de Lyme. Sa dissémination est facilitée par ses petits fruits rouges consommés et dispersés par les oiseaux. Pour limiter les risques, évitez sa plantation en bordure de boisés, milieux naturels ou friches. Préférez des alternatives non envahissantes ou des cultivars très peu fertiles, lorsque disponibles, et évitez les cultivars verts. Si elle est déjà présente, limitez sa propagation en coupant les fruits avant maturité et en surveillant les semis spontanés aux abords des aménagements.

Érable de l’Amour
(Acer ginnala)

Originaire d’Asie, l’érable de l’Amour est un petit arbre ou grand arbuste apprécié pour sa rusticité, sa taille modeste, son port gracieux et son feuillage rouge vif à l’automne. Il est souvent utilisé dans les aménagements urbains et résidentiels. Cependant, cette espèce possède une grande capacité d’adaptation et une reproduction efficace par semences. Ses samares légères se disséminent facilement par le vent, lui permettant de coloniser les friches, les bords de route et les lisières de forêt. Dans les milieux naturels, il peut se comporter en espèce envahissante, supplantant les arbres indigènes et modifiant la composition du couvert forestier. Son comportement envahissant est observé au Minnesota, un état au climat comparable à celui du Québec. Il est recommandé d’éviter sa plantation à proximité de boisés ou de milieux ouverts naturels. Si conservé en aménagement, éliminez les semis spontanés chaque année et considérez des espèces à la taille et au port similaire tels que certains lilas.

Érable de Norvège
(Acer platanoides)

L’érable de Norvège, originaire d’Europe, a été massivement planté au Québec comme arbre de rue pour son feuillage dense et souvent coloré, son tronc très droit et sa résistance à la pollution. Pourtant, cette espèce présente un comportement envahissant préoccupant dans certains milieux tels que les boisés urbains. Ses semences nombreuses se disséminent aisément et ses jeunes plants prolifèrent dans les forêts urbaines et périurbaines. Son feuillage crée une ombre dense qui empêche les semis d’autres espèces de croître et il appauvrit ainsi la diversité du sous-bois. Il est déconseillé d’en planter à proximité de milieux naturels et il convient de préférer les cultivars produisant peu ou très peu de samares, comme ceux à feuillage coloré ou panaché.

Faux-nymphéa pelté
(Nymphoides peltata)

Le faux-nymphéa pelté est une plante aquatique flottante originaire d’Eurasie, introduite comme plante ornementale pour les bassins décoratifs. Elle forme des colonies denses à la surface de l’eau, limitant la lumière disponible pour les autres espèces aquatiques et réduisant l’oxygène dissous. Cela nuit à la faune, notamment aux poissons et amphibiens. Elle se propage par fragments de tiges ou de rhizomes, facilement transportés par les oiseaux, les bateaux ou les activités humaines. En milieu naturel, elle colonise rapidement les étangs, marais et rivières à courant lent. Il est recommandé de ne jamais l’introduire dans des bassins en lien avec des milieux naturels ou susceptibles de déborder.

Grand pétasite
(Petasites hybridus)

Le grand pétasite est une vivace vigoureuse appréciée pour ses très grandes feuilles en forme de cœur et sa capacité à couvrir rapidement le sol. Elle se propage rapidement par un réseau dense de rhizomes souterrains, qui libèrent d’ailleurs des produits cancérigènes qui peuvent se retrouver dans l’eau. Son système racinaire rend son contrôle difficile une fois installé.Cette croissance agressive lui permet de dominer la végétation locale et de réduire considérablement la diversité floristique. Elle est particulièrement problématique en bordure de rivières ou dans les zones humides naturelles et devrait être proscrite près des sources d’eau potable. Son usage devrait être strictement réservé à des zones confinées, avec des barrières physiques pour contenir les rhizomes.

Lamier jaune
(Lamium galeobdolon)

Le lamier jaune est une plante couvre-sol populaire pour les zones ombragées, grâce à son feuillage panaché et ses fleurs jaunes. Toutefois, cette vivace à tiges rampantes s’échappe facilement des plates-bandes pour coloniser les forêts urbaines ou périurbaines. Elle forme des tapis denses qui pourraient potentiellement limiter la croissance de certaines plantes indigènes au sol et nuirent à la régénération naturelle. Sa propagation est principalement végétative, par marcottage, ce qui complique son contrôle une fois établie. Évitez son utilisation près des boisés ou des parcs naturels. Si elle est utilisée, assurez une bordure physique et arrachez régulièrement les tiges qui dépassent les limites de plantation.

Pétasite du Japon
(Petasites japonicus)

Originaire d’Asie, le pétasite du Japon est une vivace à grand feuillage en forme de rein utilisée comme couvre-sol, surtout en milieux humides. Comme le grand pétasite, il se propage rapidement par rhizomes traçants, formant des colonies monospécifiques denses. Il est particulièrement envahissant en bordure de cours d’eau, fossés et zones détrempées, où il remplace la flore indigène. Son contrôle est difficile sans excavation complète, car les fragments de rhizome peuvent régénérer la plante. L’usage de cette espèce devrait être limité aux sites strictement contrôlés, avec des bordures physiques robustes.

Petite pervenche
(Vinca minor)

Appréciée pour sa floraison bleue et sa tolérance à l’ombre, la petite pervenche est largement utilisée comme couvre-sol. Toutefois, ses tiges rampantes s'enracinent facilement, lui permettant de s’étendre rapidement dans les milieux naturels adjacents, notamment les forêts. Elle forme des tapis denses qui excluent les herbacées indigènes et modifiant ainsi potentiellement les processus naturels de régénération. Sa persistance et sa croissance agressive la rendent difficile à éliminer une fois établie. Évitez de la planter près des boisés, milieux riverains ou espaces naturels. Surveillez les limites des plates-bandes et arrachez les tiges qui s’en échappent.

Robinier faux-acacia
(Robinia pseudoacacia)

Le robinier faux-acacia est un arbre d’Amérique du Nord introduit hors de son aire naturelle pour son bois, sa capacité à fixer l’azote et sa tolérance aux sols pauvres. Dans plusieurs régions, il s’est naturalisé et agit comme espèce envahissante dans les milieux ouverts, tels que les prairies sèches, les savanes et les friches. Il forme des peuplements denses par semis et drageons, excluant la flore indigène adaptée à ces habitats. Sa capacité à modifier la composition chimique du sol nuit à la diversité végétale. Il ne devrait pas être planté près de milieux ouverts à haute valeur écologique. Si déjà présent, coupez régulièrement les drageons et évitez toute dispersion des semences.

Rosier rugueux
(Rosa rugosa)

Originaire d’Asie, le rosier rugueux est apprécié pour sa floraison abondante, sa rusticité et sa tolérance au sel, ce qui en fait une espèce populaire dans les aménagements côtiers. Toutefois, s’échapper facilement et à tendance à former des peuplements denses et concurrencer la flore indigène, parfois rare et spécialisée, des milieux côtiers. Il se propage à la fois par semis et par drageons. Son usage à proximité des zones côtières naturelles ou protégées peut toutefois s’avérer bénéfique dans des circonstances spécifiques où les bénéfices dépassent les risques écologiques, comme pour stabiliser les berges et les rives. Si conservé en contexte ornemental, limitez son expansion par taille et arrachez les drageons qui s’échappent du périmètre de plantation.

Stratiote faux-aloès
(Stratiotes aloides)

La Stratiotes aloides, ou stratiote faux-aloès, doit être utilisée avec prudence au Québec. Bien qu’esthétiquement intéressante pour les étangs et plans d’eau, elle peut se montrer invasive dans certaines conditions. Cette plante forme rapidement des matelas denses à la surface de l’eau, ce qui peut bloquer la lumière et réduire l’oxygène disponible pour les autres espèces aquatiques. Son expansion peut également obstruer les cours d’eau, perturbant la circulation et la biodiversité locale. De plus, Stratiotes aloides n’est pas toujours facile à contrôler une fois établie, rendant sa gestion coûteuse et complexe. Cette plante fait partie de la liste des espèces listée comme problématiques par le gouvernement du Québec. Privilégier des alternatives non envahissantes et éviter si possible d’utiliser cette plante.
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